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Yamori Kota Chronique

Yamori Kota « Rhizome » (Tsuku Boshi)

Bruit sourd, lointain, métallique, d’une coque frappée dans les grands fonds à coups de marteau lourd. Brûlure du soleil sur mes paupières fermées. Mes bras s’enfoncent malgré moi, comme aimantés par une faille noire et reposante chargée d’algues brunes.

Après des compositions pour piano et harpe, nous voici découvrant les penchants électroniques, passablement bruitistes, du bonhomme. Condensé d’une série de longues boucles laissées en liberté, Rhizome relate fidèlement les sentiments et sensations du protagoniste.
Crissements synthétiques, mélodies improbables, textures tour à tour râpeuses et liquides, on y retrouve aussi bien des amoncellements de ferraille et que des monceaux de mélodies, des déchets de bruits blanc qu’une mer houleuse. Derrière cet amoncellement, le silence clinquant d’après tempête.

Ce décor bancal, vivant, mutant, donne à l’ensemble de ce disque un aspect exutoire que venait à chaque instant contredire la « douceur sereine » de son compositeur. Comme s’il reprenait son souffle après un moment d’asphyxie.

Comme dans un tambour d’une machine au mouvement perpétuel, la matière est ici disséquée et reconstruite. Des compositions physiques, où s’entrechoquent sonorités rêches, ambiances de ruines et liquide sonique. Derrière ce premier flow, on découvre enfoui un jeu de mélodie délicate. Un étrange double parfum, comme s’il voulait, conformément à son thème, nourrir lui-même sa propre ambivalence.

Cet étrange alliage de fragilité et de résistance donne toute sa force, sa consistance, à ce premier album dessinant l’horizon avec la grâce du défi.

(essmma.wordpress.com)