"Ghetto Feel est un très bel album, une sorte de nouveau classique du reggae"
Bien évidemment, loin d’être aussi créatifs que la jeune garde européenne qui fusionne à tout va, ils restent fidèles à ce pourquoi on les a toujours apprécié avec, il faut le saluer, un retour fondamental aux sources même du reggae traditionnel UK, celui-là même qui nous enchante : une basse lourde presque insondable, des cuivres simples et efficaces qui arrondissent les mélodies, des harmonies sans superflus, un jeu de batterie subtil et aérien, les voix toujours posées de Delroy O’Gilvie, Carlton Smith et d’Errol Brown ainsi que des textes réfléchis, actuels et sensés pour un ensemble profondément chaleureux et une atmosphère des plus apaisantes. Si l’album se déguste d’un seul trait et sans sourciller, il faudra néanmoins s’attarder finalement sur quatre morceaux qualitatifs qui à eux-seuls et à mon sens résument l’opus : l’étonnant Ghetto Feel, qui se paie le luxe d’une touche jazzy, douce, juste et concise ; la balade « Lonely Journey » qui s’apparente à une méditation et un appel à la paix, le très deep « A Wha So » dont la basse rend le morceau magique et enfin un « Carnival » truculent que les « Horsemouth » en devenir apprécieront tant le jeu de batterie est singulier.