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Focus sur le groupe Cosmos 70

Depuis quelque temps, le groupe Cosmos 70 (label Bee Records) prend sa plume pour écrire, en tant qu’artistes un mot, plus précisément des lettres à ceux à qui ils ont des aveux à faire ! C’est ainsi que nous avons eu l’agréable surprise de découvrir la lettre à Deezer, Carla Bruni, Jean Loup Chrétien, Mp3, ou encore lettre à un psy et au 6 avril...
Intrigués par ces lettres, nous avons souhaité en savoir plus sur les intentions de ce groupe qui s’est prêté au jeu de l’interview pour CD1D.

Bonjour Cosmos 70… vous vous présentez rapidement ?

Michel, 1m85, 70 kilos, brun, yeux marrons, droitier, guitariste.
Pilou (Didier le jour du baptême), cerveau fonctionnant comme une suite de 0 et de 1, nul en hortograf, bassiste.
Aurélien, vivant dans l'espace, terrien d'adoption, vidéaste, graphiste, clavier.

On a récemment suivi vos « lettres » publiées sur votre compte Facebook. Elles nous ont d’abord fait rire (sourire…) puis plus on a lu et relu, plus on a trouvé de similitudes avec ce que CD1D dit ou écrit parfois, je pense notamment à votre « Lettre à Deezer ». Vous nous expliquez la genèse de ces publications ?

Quand la page Facebook de Cosmos70 a été ouverte par le label, j'ai regardé l'objet comme un ONVI. Un profil Cosmos Soixante Dix, une page Cosmos70, des inconnus qui « aiment », des « amis » qui « pokent », un mur qui parle... Moi qui suis resté coincé au temps du télégramme, mon désarroi a été immense devant ce nouveau langage où quelques mots apparaissent puis disparaissent dans un fil d'actualité que je trouve à des milliers d'années-lumière de l'AFP. Je suis resté paralysé un moment puis j'ai contourné le problème en considérant Facebook comme une boite aux lettres avec des lecteurs qui ouvrent ou non leur courrier. Je leur écris de temps en temps, ils lisent ou non, je n'en sais rien, mais je trouve cette correspondance épistolaire (à moitié, je ne reçois pas de réponse) plus amusante qu'une campagne marketing dont nous n'avons de toute façon pas les moyens.

Votre nouvel album s’intitule « A poet with nothing to say ». Vous n’êtes pas tentés de changer ce titre après toutes ces lettres ?

Trop tard, non ? Le propos n'est de toute façon pas le même, ni le langage. D'un côté des mots, de l'autre de la musique. Le titre a été donné au disque car il reflète à notre avis bien l'ambivalence de la musique telle que nous la vivons et l'écrivons : un moment précieux riche en surprises, où l'on cherche, où l'on se trompe, où les déceptions succèdent à la joie d'avoir trouvé les quelques notes qui créent une émotion... Là est notre « poet », dans ce temps fragile de création. S'il n'a rien à dire, « nothing to say », c'est que notre musique n'est pas parole d'évangile, qu'elle reste profondément éphémère, sans autre horizon que ce que y trouvera l'auditeur. Le titre vient d'ailleurs d'un texte d'une poétesse américaine des années 70, Diane Wakorski, qui assène à son mec cette phrase pour lui faire comprendre sa place minuscule dans ce monde, et sa prétention à se sentir juché sur un piédestal.

Une question m’a traversé l’esprit après avoir lu ces lettres. Qu’a pensé Bee Records, votre label, de cette initiative et surtout quelle place a-t-il pris dans cette communication atypique ?

L'idée était bonne jusqu'à ce que j'écrive une lettre à Deezer et que leur téléphone sonne ! Ce qui est d'ailleurs étonnant vu que nous n'existons pas dans le  paysage musical ! Je peux comprendre que Deezer s'énerve si Radiohead crache sur lui alors que les morceaux sont en ligne sur la plateforme. L'enjeu est évidemment économique. Mais qu'un obscur groupe lyonnais suscite ne serait-ce qu'un mouvement de sourcil m'échappe. D'autant que le courrier était plutôt flatteur, avec juste une goutte d'acide pour émoustiller le lecteur.

Plus généralement, quel est votre rapport avec Bee ?

On se connait depuis longtemps ! Pilou est le frère d'Eric qui a fondé le label avec son acolyte Slush de Paral-lel. BEE soutient le projet depuis ses débuts et Eric s'occupe du son du groupe sur scène. 

Quelles réactions ont suscitées ces lettres ?

Mystère... A part la lettre à Deezer qui a été la tempête dans un verre d'eau, je ne sais pas si elles sont lues par une ou cent personnes. Elles sont envoyées comme des bouteilles à la mer, j'imagine qu'elles se perdent sur les murs de Facebook. Tout ce que j'espère est qu'elles incitent les lecteurs à être curieux pour aller au-delà des mots et écouter notre album. C'est évidemment  un prétexte pour parler et faire parler du disque.

Vous avez écrit une « Lettre à Jean-Loup Chrétien » dans laquelle vous déclariez qu’il vous avait offert 4 combinaisons originales de spationaute. Plusieurs personnes (moi y compris) ont pris cette information au pied de la… lettre et vous attendaient sur scène vêtus de ces combinaisons, ce qui n’a finalement pas été le cas. Vous vous attendiez à de telles réactions ?

Oui et non. Oui car la force du Net à colporter le faux et la rumeur est immense, et que le principe du « plus c'est énorme mieux ça passe » se vérifie toujours. D'ailleurs des proches ont eu un doute alors que je pensais avoir franchi la frontière de l'absurde. Ecrire garde donc une réelle force sur le web. Et finalement non parce que les gens ne réagissent pas, surtout s’ils se sentent dupés ! Logique, j'en ferai de même.

Et, mis à part Charles Baudelaire, les personnes ou structures auxquelles ces lettres s’adressaient, vous ont-ils répondu ?

Non... J'ai écris une lettre à France Inter, à Carla Bruni, à un psy, à un mp3, à Jean Loup Chrétien, au 06 avril... Charles Baudelaire a finalement autant de chances de me répondre que les autres.

Dans votre « Lettre à Deezer » vous dites que, pour 12 409 écoutes sur la plateforme française de streaming, vous avez reçu de la Sacem la somme rondelette de… 1,15 €. Ce qui équivaut 9/100 000ème d’€ l’écoute. Pourtant le taux minimum en vigueur à la Sacem est de 7/10 000ème d’€… Trop de zéros après la virgule peut-être ?

Sûrement, je ne suis même pas certain de savoir décrypter mes relevés Sacem. Mais vous le savez déjà, je passe mon temps à écrire des mensonges. Le sujet n'est d'ailleurs pas de professer une vérité avec chiffres à l'appui, ces dossiers existent ailleurs, loin de la page Facebook de Cosmos70. Nous proposons juste un billet, une humeur qui puisse accrocher le lecteur qui sera peut-être auditeur et enfin acheteur pour faire « vivre » le groupe. Economiquement non, mais dans l'esprit oui.

Vous continuerez à poster des lettres ?

La prochaine est adressée à CD1D.

Si vous deviez écrire la « Lettre à CD1D » quelle en serait la teneur ?

0,1 par gramme.

Outre la sortie de « A poet with nothing to say » quelle est votre actualité pour les 6 prochains mois ?

Un concert au Brise glace d'Annecy le 01 juin, un autre au Hotclub de Lyon le 05 juin puis vacances, nous serons épuisés. On commence du coup à réfléchir et à travailler au prochain disque. Quelques titres prennent forme et on retrouve l'excitation des enfants qui ouvrent leurs cadeaux de Noël.

Pour finir, une initiative, un groupe ou un label indépendant que vous appréciez et que vous aimeriez partager ?

Tara King th. Un concert ensemble, ce serait bien.