Mort aux Ludwig Von 88

"Les 40 meilleurs groupes du monde apprennent aux LV88 comment faire des vrais tubes avec leurs chansons pourries"

Hommage à l'un des groupes les plus éminents et influents de la scène française des années 80 / 90, les 2 volumes de ce digipack (CRASH CDD 61), au graphisme réalisé par l'illustrateur Melvin et agrémentés d'un bon gros livret dans lequel les participants se lâchent sur les LV88, offrent un large panorama de la scène "alternative" de ces dernières années, sans oublier quelques OVNIs improbables. On y retrouve donc les amis et fils spirituels anciens comme modernes du groupe, tels Massilia Sound System, Washington Dead Cats, Les Fils de Teuhpu, Marcel & Son Orchestre, Swinkels, Los Tres Puntos, Le Maximum Kouette, Les Suprêmes Dindes, Dead Pop Club, Junior Cony, Laréplik, Killa Carltoon & PM, Les Betteraves (futurs Guérilla Poubelle), Homeboys, La Fraction, Sporto Kantes, David Vincent (ex-Les Amis D'Ta Femme), Lutin Bleu, Unlogistic, René Binamé, Cellule X...

Pour pimenter la recette, rajoutons des origines géographiques diverses (France, Belgique, Québec), des langues également multiples (français, wallon, occitan et même anglais) et des moyens disparates (du studio cossu à la prise live) : nous n'avons surtout pas voulu d'une compilation plate, célébration insipide et prévisible où tous donneraient dans la reproduction dévote des originaux.

Revisitant les Ludwigs à leur propre sauce, les 40 groupes présents se sont au contraire approprié un répertoire dont, il est vrai, la diversité et l'amplitude offraient un solide panel de choix. Ils n'ont bien sûr pas hésité à en rajouter dans le décalage et le pastiche (changements de style, innovations audacieuses, florilège de samples, parodies et envolées barjotes...). Pour autant, même les versions les plus éloignées des originaux conservent le rythme frénétique ou nonchalant, le sens des mélodies, l'esprit pétillant et l'humour féroce des maîtres. LUDWIG VON 88 peut dormir tranquille en attendant son grand retour en 2088, sa suite est bien assurée !

Revue de détail du programme...

CD1 :

• Miss Hélium : "Tuez-les tous !"

Tek-punk puissante pour une version beaucoup plus féroce que l'original. Bonne introduction au volume le plus barré de la compilation.

• Les Suprêmes Dindes : "Monde violent"

Reprise hallucinée et grinçante, très personnelle tout en restant très rock.

• No Water Please : "HLM"

On genre radicalement de registre avec une fanfare au ska-funk cool et swinguant

• Les Fils de Teuhpu : "Louison Kramps"

Autre fanfare bien connue, et sévèrement atteinte. Ce medley de "William Kramps" et "Louison Bobet" bondit d'un délire à un autre encore plus abusé (le thème de "La croisière s'amuse" entre autres). Un chaos simulé mais indescriptible, exécuté à fond de ballon et hilarant.

• Unlogistic No Featuring Mustapha Moustache : "Fistfuck Playa Club"

Eux ausi se sont gravement lâchés, éclairant d'une petite ritournelle électro leur hardcore minimal furieux et ultra-rapide.

• SuperPreachers : "Houlala"

Electro-pop bien balancé et entraînant, fourmillant de références au rock alterno.

• SexyPop : "Je suis une légende"

Les angevins ne dévient pas de leur émo-punk classique : guitares élégantes, rythmique et construction bien charpentées.

• Lutin Bleu : "Thorfin Le Pourfendeur"

Empile assassinat en règle de la chanson française contemporaine, aux accents delermiens non feints, et passage hard-rock 70's de choix. Un régal pour les amateurs de second degré.

• Killa Carltoon & PM : "Pourquoi ?"

Etonnant croisement entre electro-punk et phrasés déclamatoires ragga. Killa Carltoon n'est pas là par hasard puisqu'il était proche des P4 et un fidèle accompagnateur des LV88.

• Sporto Kantes : "Spock Around The Clock"

Nickman, ancien bassiste des Wampas, est un vieux de la veille qui connaît ses classiques... Electro appuyé qui tourne carrément au disco, bien sûr truffé de clins d'oeil.

• Laréplik : "On m'appelle"

Arrangement typiquement réplikain, folk-punk à banjo et accordéon, pour un morceau qui défile très vite.

• Les Zetlaskars : "Twist à Koweit City"

Les Zetlas passent le titre dans leur moulinette fusion et, familiers des grands écarts, zigzaguent pour l'occasion du jazz/swing au punk-rock des familles.

• Svinkels : "Raide déf'"

Devaient avoir mis les paroles en application ce jour-là, les Svinkels. Texte revu façon énumération de pharmacopées, son préhistorique, ensemble réjouissant.

• Es La Guerilla : "Harry Callahan"

Il ne manque même pas le solo dans ce métal méchant et lourd à souhait. A la fois impeccable dans le genre et parfaitement parodique.

• Vérole : "Un cri inutile sur une compil. inutile"

Rendons à César ce qui appartient à César : l'idée originelle venant de lui, il était bien normal que le chanteur des Cadavres & Infraktion, actuel membre d'Euroshima, récupére à son tour ce morceau. Ou comment optimiser un studio et enregistrer un titre en 30 secondes, mixage compris...

• Les Betteraves : "Oui Oui et la voiture jaune"

Les futurs Guérilla Poubelle reprenaient 2 titres des LV88, en voilà un, où l'on retrouve la niaque à la Poison Ivy de ces ex-petits djeun's.

• Edouard Nenez Et Les Princes de Bretagne : "Jeanne D'Arc"

Bien connu pour entendre lui aussi des voix, Edouard a dû de surcroît prendre des produits puissants pour revenir ainsi à la source de ce titre.

• Brigitte Bop : "Pocahontas (Chaque fois)"

Ciel, eux aussi font une fixette sur les délires psychédéliques des LV88, qui collent bien à leur punk'n'roll speedé et goguenard.

• David Vincent : "Oh Lord"

L'ancien leader des Amis D'Ta Femme en rajoute une couche dans ce gospel grinçant, retrouvant des accents à la Helno par moments.

• Tuna : "Sur la vie de mon père (J'ai tué mon père)"

Vocoder et séquenceur, une version indus. tout à fait minimale par le chanteur-batteur de René Binamé en solo, à quelques lieues de ses plates-bandes habituelles. Après tout, la Belgique a une longue tradition électronique...

CD2 :

• Homeboys : "New Orleans"

Parfaite refonte punk à roulette, aussi majestueuse et puissante que l'original. Du velours.

• Marcel & Son Orchestre : "Spock Around The Clock"

Quel brio ! Magnifique patchwork de références SF (aucun sample, tout est joué), avec une méchante pêche r'n'r.

• Irie Members Band : "Paris Brûle-t-il ?"

Rupture de style avec une version pur reggae et bien suave qui contraste sévèrement avec la noirceur des paroles. On reconnaîtra bien entendu au chant Toto, l'un des Frères Bavarois, toasters régulièrement invités sur scène par LV88,

• Garage Lopez : "Mon coeur s'envole"

Retour au punk'n'roll avec des Rats / Parabellum contemporains et de banlieue sud. Des références aisées à reconnaître, un beau dérapage au milieu du morceau : pur fun, pure patate.

• Los Tres Puntos : "Sur les sentiers de la gloire"

Rouleau-compresseur ska-rock, urgent et bien enlevé, en particulier grâce aux skanks nerveux de banjo. Efficace en diable.

• Washington Dead Cats : "Sur la vie de mon père (J'ai tué mon père)"

Chant grandiloquent en avant, rythmique en béton, grattes impérieuses, choeurs à l'ancienne : mis à part le texte français, on dirait un des standards inimitables des WDC.

• René Binamé : "Les 3 petits keupons"

Histoire de se distinguer, nos anarcho-chansonniers belges se coltinent le seul morceau de la compil. qui était déjà une reprise au départ. Mais de quoi au fait ?

• Dead Pop Club : "Des barbelés sur la prairie"

Eux aussi prennent tout le monde à contrepied, avec l'un des très rares titres anglophones des p'tits Lus, transmuté en émo-punk costaud.

• Cellule X : "Little Boy"

Chaînon manquant entre les Bérus et Assassin, sans doute l'un des morceaux les mieux réalisés de la compilation : rap-électro-métal menaçant, puissant et implacable.

• Le Pélican Frisé : "HLM"

Ska roots chaloupé comme il se doit, goguenard et sans souci. Tchikidup tchikudup !

• Le Maximum Kouette : "Tamérantong"

L'hymne des Chevaliers de la Tongue, une chanson relativement peu connue des LV88, revu et corrigé par un gang de filles (enfin, au départ) également très proche de la Compagnie Tamérantong. Un vrai tube de radio.

• Les Houlala ! : "Je t'aime"

Nos québecois ont collé à l'original (mis à part le rajout de sax) : logique pour un groupe au départ conçu comme un tribute aux Ludwig.

• Massilia Sound System : "Oui Oui et la voiture jaune"

Bien loin du style habituel de MSS, encore plus de celui des LV88, au croisement de la chanson et de la musique de film, une adaptation douce-amère en occitan (mis à part le passage du gendarme, qui ne peut évidemment parler que français).

• La Fraction : "Guerriers Balubas"

Ils n'ont pas fait dans la dentelle : punk-rock rentre-dedans, guitares à la Pistols, chant féminin hargneux... Du classique La Fraction, avec un son brut voire brutal.

• Tristan-Edern Vaquette : "Nous"

Capturé en live, avec la complicité active d'un public honteusement acquis, le fameux chansonnier se livre encore à une de ces moqueries outrancières à la guitare sèche dont il a le secret.

• Les Vieilles Salopes : "Lapin Billy s'en va-t-en guerre"

Punk'n'roll à nouveau, riffs pur jus et tempo emballé pour chanteuse à gouaille.

• Junior Cony : "Big Ba'o (complete mix)" ("Bilbao")

Changement drastique de genre avec un dub massif typique de Junior Cony, qui, rappelons-le, avant de reprendre les machines pour les concerts de Bérurier-Noir, s'est occupé longtemps de celles des LV88.

• Ronan Ronan : "Ciao Cescu" ("Ceaucescu")

One-man band armé d'une valise de gadgets sonores, d'une vaste gamme d'instruments acoustiques et d'un sampleur, cet ancien des Fils de Teuhpu prend au pied de la lettre le thème de cette chanson pour le conjuguer à la sauce tzigano-roumaine.

• P4ALAFNAC : "Un quai d'gare"

Fins connaisseurs des LV88, les P4 se sont attaqués à l'une de leurs premières compositions, titre-phare du premier 45 Trs. Enregistrement tout aussi approximatif, hargne brouillonne, tempo survolté, ça reste fidèle à l'esprit des débuts.

• Les Slugs : "30 millions d'amis"

Punk-rock énervé made in Belgium pour une interprétation pied au plancher et en wallon, agrémentée par un solo de kazoo, instrument sans lequel cette compilation n'aurait à coup sûr pas été définitive.