Apparue dans le paysage musical du fado en 2007, Carina Salvado s’illustre à la fois comme une chanteuse dans la lignée des fadistas du début du 20ème siècle et comme la narratrice de son propre fado, subtil alliage d’essences anciennes et d’émotions singulières.
Bercée par la langue portugaise depuis l’enfance, c’est vers l’âge de vingt ans qu’elle a découvert réellement le fado en travaillant comme disquaire. Ce style s’est imposé à elle comme une évidence et est devenu le fil conducteur de son chemin artistique. Jusqu’ici nourrie d’influences les plus variées, passant librement du rock au jazz ou à la pop, elle a fait siens le langage et les codes du fado, cette musique née à Lisbonne, véritable cri de ralliement de tout un peuple.
De son parcours musical atypique et foisonnant, elle a pioché dans la liberté du jazz et l’énergie du rock pour mettre ces idées au service d’un fado pur, arraché, inédit. Elle a alors naturellement convoqué le jeu et la complicité de Joan-Eche Puig à la contrebasse et de Stéphane Cézard à la mandoline pour l’accompagner dans une instrumentation aussi évidente que non conventionnelle. Dans une triangulaire acoustique riche en rebonds et en interactions, ils explorent ensemble des espaces musicaux multiples et créent un fado original et spontané.
Le répertoire de leur concert fait la part belle aux pièces traditionnelles et rend notamment hommage à la grande et mythique Amalia Rodrigues. Carina Salvado fait alors vibrer en chantant la saudade, la tendresse, les petites histoires du quotidien dans des chants empreints de tristesse, de résignation et de plaintes. Ils restituent l’esprit traditionnellement mélancolique du fado en transcendant la profondeur et l’énergie qui le traversent. Ils donnent alors un souffle nouveau au mythique blues ancestral portugais. La parenté du fado et du blues est bien connue : voix soyeuse devenant rauque et inversement, mélodies et contre-chant des instrumentistes, accompagnement obstinément régulier entrecoupé de syncopes…
Fidèles à cette démarche sans concessions, leurs compositions peuvent alors librement rencontrer un antique chant klezmer ou une reprise d’un hymne de la pop music : « In the court of the crimson king » du groupe mythique King Crimson. Ainsi est Carina Salvado, traditionaliste et révolutionnaire en douceur. Elle est une des voix envoûtantes d’un pays qui renversa ses dictateurs avec des fleurs : les œillets.
Bien identifiée dans la nouvelle génération du fado, coup de cœur du réseau lyonnais Bizarre ! et saluée lors de l’escale musicale du Théâtre 13 à Paris en 2010, Carina Salvado exprime aujourd’hui son fado aussi bien dans des espaces intimistes et dénudés que dans des grandes salles de concert habillées de lumières et de décors pour un voyage chargé d’émotions et de douce mélancolie.
| 
| 
