Enregistré au coeur de l'hiver alpin, le troisième album d'H-Burns emprune avec une habileté assumée les chemins impétueux du rock indé. Au cours des onze chansons qui composent We Go Way Back, on est subitement happé par ce périple passionné, par ce retour électrisant des nineties et de cette teenage riot qu'on a au plus profond de notre être. Cette folie amoureuse qui nous ouvre la voie de la déraison sentimentale. Nos désirs insensés. On est ici dans le basculement irrémédiable du choix passionnel, dans l'urgence viscérale du changement soudain. L'inertie maladive du monde adulte, on veut y mettre fin. Le brûler. Remuer ce tas de cendres de toute notre force. Et tant pis si on se crame. On aura vécu.
Après la réussite de ses deux précédents opus, H-Burns décide ainsi d'explorer de nouveaux horizons, tout en restant fidèle à son univers si caractéristique.
A la croisée des chemins de Pavement et de Smog, le disque bénéficie de la patte avisée de Jp Maillard à la production. Accompagné de Stéphane Milochevitch (Thousand and Bramier) à la batterie, d'Antoine Pinet à la guitare, de Jonathan Morali (Syd Matters).
Sans oublier la remarquable présence de Tony Dekker (Great Lake Swimmers) et de sa voie d'outre-Atlantique, le songwriting de Renaud, prolonge cette prise de risque musicale. A la tiédeur du quotidien, aux fâcheuses habitudes, H-Burns oppose la révolte engrangée par la matrice fusionnelle.
Célébration d'un retour violenté, We Go Way Back marque de son empreinte une nostalgie sur le fil du rasoir?. Au cours de cette odyssée errtique, deux protagonistes s'entrecroisent et s'entrechoquent. Ne pas se contenter de vivre. Ne pas sombrer peu à peu dans l'oubli du chemin routinier. « It's better to burn out than to fade away » chantait Neil Young en 1979, année de la naissance de Renaud. Quinze ans plus tard, Eddie Vedder clamait dans Vitalogy que tout ce qui était sacré venait de la jeunesse. En 2009, H-Burns reprend fièrement le flambeau de la rage adolescente, celle de la passion éprouvée, celle de la sincérité proclamée, celle, enfin, de la mélancolie électrique.
Brice Tollemer