Impressionnés par la musique violente et psychédélique que les productions dites Dub peuvent produire (spatialisation hypnotique, rythmiques répétitives), les futurs membres de lab° - 2 guitaristes, un bassiste, un batteur, un sampler / rythm padder et un ingénieur du son architectural se sont réunis pour la première fois en juillet 1998. Ils ont suivi ensemble le chemin sinueux des studios de répétition sans savoir vraiment ce que serait le résultat. Les musiciens se connaissaient déjà mais de la manière dont les musiciens d'une petite ville en périphérie parisienne (St-Germain-en-Laye) se connaissent : Certains avaient travaillé avec d'autres sur des projets d'enregistrement, ou d'autres avaient joué précédemment ensemble dans différentes formations. Quoi qu'il en soit, la chose à se rappeler est que aucun d'eux n'avait d'expérience dans la production DUB. L'ensemble des membres de Lab° avait plutôt participé à des expériences musicales sombres.
Six mois après la première heure de répétition, Lab° enregistre en une nuit leur premier album, sorti pour commencer en auto production, puis en l'an 2000 sur leur propre label MILLE MILLIARDS, distribué par Pias FRANCE. Les médias spécialisés furent enthousiasmés par ce "Dubalgan 500mg" à l'allure de boîte de médicament. Si vous écoutez le premier titre "Liquide" sur l'album, vous aurez une idée précise de la musique de ce groupe audacieux : sombre, psyché, instrumental et violent. Ils ont improvisé deux morceaux "mille milliards" et "500mg" sur lequel Suzanne Thoma (la voix féminine de l'Octet) chante. La future forme du processus de création de Lab° est née : l'improvisation. L'aventure musicale de lab° commence là.
"Taffy AP", deuxième album du groupe, sort en 2001. "Massive" et "IO" sont les morceaux explicatifs de l'album. Plus d'improvisations enregistrées sont présentées : "IO", "Horns of Bah", "Une démarche très naturelle" avec la voix de Suzanne Thoma. Le dub de Lab° prend un tournant et se définit. La tonalité est donnée : vous ne trouverez jamais la musique de Lab° où vous pensez qu'elle se trouve.
Le troisième opus "Derrière la pluie" sort en 2003 et stupéfie de nouveau l'auditeur par son évolution. Ici, vous avez des atmosphères de western spaghetti ("Revient aux témoins") et des éclats vifs de guitares électriques criantes("Solness"). Plus de la moitié de l'album a été créé à partir d'improvisations.
"Müs", le dernier album de Lab°, offre à l'auditeur une vision parfois inquiétante de son univers musical. Le groupe s'est réuni pendant vingt jours pour enregistrer, premièrement dans une vieille ferme Basque près de St-Jean de Luz, et deuxièmement dans la salle de séjour d'un manoir du 17ème siècle en Normandie. Complètement improvisées, les sessions ont été alors coupées, assemblées, mélangées, et masterisées, ayant pour résultat ces quatorze pistes étranges et déviantes. L'univers de Lab° est un tunnel initiatique, dont le radicalisme esthétique élude une écoute inattentive du disque. Du dub, qui était leur marque déposée originale, Lab° passe à des éruptions bruyantes au rock extrême ou des atmosphères arides. Les rythmes et les sons distordus crient des images de la vie urbaine. Les quatre titres chantés offrent une coupure provisoire de l'instrumentation implacable du reste de l'album. Chaque morceau est un sentiment, un désir. "MüS" passe d'une palpitation à l'autre : autoroutes sinueuses ("Enclume"), extrémité fouettant dehors ("Encoprésie"), bruit têtu ("De Porcelaine", "Crystal Krill Killer"), bruit urbain ("The Pope and the Bleeding Baby", "Nice White Hat"), ambiances cinématographiques obsédantes ("Ocho1", " La Cigüe"), et sections de vie quotidienne (" Müs", " Angel in my pocket"). Lab° joue ce qu'il respire.