Alive Anyway ? Vivant quoi qu’il arrive ! On aura rarement clamé aussi fière maxime, tant l’énergie communiquée par les clermontois se retrouve intacte sur ce premier album, longuement mûri au gré des concerts (beaucoup…) et d’un inépuisable enthousiasme, cultivé en terre arverne depuis 2010.
Vertus premières d’un style qui pardonne peu l’hypocrisie, l’ouverture et le partage défendus par Païaka ont depuis longtemps franchi les frontières, en s’exportant en France comme en Europe au cours de plus de 150 concerts. En 2012, Red dévoile les racines d’un son roots original, premier EP prélude à une belle tournée européenne. L’année suivante, fruit d’un travail inlassable, le groupe décroche la finale française de l’European Reggae Contest, et arpente les salles et festivals en compagnie d’artistes prestigieux (Ziggy Marley, Alpha Blondy, Clinton Fearon, The Abyssinians, Alborosie…).
Hébergé par la Coopérative de Mai, solidement structuré au cœur de Flower Coast, label esthète et intègre créé avec plusieurs artistes clermontois (Redder Than Red, EP psychédélique remixé par The Dub Shepherds témoigne de cette unité en 2014), Païaka se nourrit de rencontres et d’influences au pluriel, et se forge jour après jour une identité remarquable, entre reggae énergique et roots aérien. Une recette originale résolument moderne retrouvée intacte sur Alive Anyway, album dansant et chaleureux, subtile alchimie d’harmonies délicates et de rythmiques impeccables, parsemées d’un brin de dub ou ouvertement tournées vers les constructions jazz ou rock. Côté textes, dans la plus pure tradition, on cultive un discours salvateur et sincère, suffisamment rebelle pour secouer les consciences et élever l’Homme, pièce maîtresse d’un album riche et puissant.
Alive Anyway ? Onze titres qui chaloupent d’une rive à l’autre, d’une balade acoustique à la transe du dancefloor, d’un épisode soul au roots le plus planant… Onze chansons bien charpentées pour poursuivre l’exploration enjouée des vraies valeurs du reggae, sans jamais oublier de dénoncer les dérives d’un monde un peu fêlé, une planète de toutes les couleurs, sur laquelle il fait bon vivre en compagnie de Païaka.
Hervé Deffontis