The Apartments est un groupe rare. Immaculé. Important. Touchant. En particulier grâce au maître des lieux, l’écorché vif Peter Milton Walsh, songwriter surdoué, miné par le doute et un besoin perpétuel de remise en question. Des légendaires laissés-pour-compte des années 80, apprentis aspirants au classicisme – usual suspects : Head, Lawrence, Forster/McLennan –, cet homme à la voix caressante peut se targuer d’être le plus malchanceux, n’ayant jamais flirté avec le moindre début de reconnaissance. La faute, entre autres, à une histoire rocambolesque débutée à Brisbane à la fin des seventies, au même moment que celle de The Go-Betweens (dont il fit brièvement partie) mais menée en dépit du bon sens (six années s’écoulent entre le premier single de 1979 et l’album inaugural, le crépusculaire The Evening Visits… And Stays For Years ; huit de mieux entre ce dernier et son successeur, le majestueux Drift).
De musiciens dopés en exils ratés, Walsh a réussi à séduire une poignée de fidèles avec ses chansons taillées pour l’éternité, aux arrangements d’une splendeur nonchalante et aux mélodies ciselées, finalement déclinées sur quatre Lp’s magistraux et une collection de relectures réalisée en catimini en 1998. Soit juste avant que l’homme ne parte sans laisser d’adresse, pour de si tristes raisons personnelles. Avant de resurgir à la (bonne) surprise “générale” en 2007 pour livrer à domicile une poignée de prestations scéniques poignantes. Deux ans plus tard, abdiquant finalement face aux coups de “vouloir” de notre confrère et musicien Emmanuel Tellier (désormais à la tête de 49 Swimming Pools), cet obsessionnel de Scott Walker et Dusty Springfield est bel et bien de retour aux affaires, pour des concerts et surtout un nouvel album, annoncé pour le début de l'année 2011.