Ils ne sont pas nés sous la même étoile, ni la même année et pourtant tout prédestinait David Leloup et Fabrice Hubert à se rencontrer. Pendant que l'un faisait ses classes pop avec Leeds, l'autre assurait les claviers pour Tahiti 80 jusqu'à ce jour pluvieux de 1998 où le ciel de Rouen, d'ordinaire terne, pris une teinte inexpliquée pour annoncer la couleur : YE-YE. Ces Yé-Yé là n'ont rien de commun avec leurs homonymes des sixties sinon une passion avouée pour les mélodies pop, les films culte/kitch, l'art contemporain, les synthés d'hier et l'electro d'aujourd'hui en passant par Manchester et la scène baggy...
Un mélange extrême duquel découle une mixture salvatrice qui marine depuis quelques années au fond des deux cerveaux. Ce duo d'esprits bidouilleurs frappe d'ailleurs un premier grand coup en 2001 en assurant la création musicale d'un spectacle de la compagnie de danse contemporaine " Etant Donnés ". Quelques mois plus tard, les voici propulsés commissaires d'exposition pour " Les années pop " à Beaubourg afin d'illustrer la bande son de l'expo. Yé-Yé fait alors son chemin et peaufine son futur album dont les prémices sortent sur différentes compilations " Made in Normandie ", " The french electro genius ", " So frenchy so chic " ou encore " Paris the girl " distribuée dernièrement au Japon. Décembre 2003 marque enfin l'événement avec la sortie de " TWO BRAINS FOR FEET ", album extra-terrestre aux sonorités mutantes. Yé-Yé traverse les décennies sans se soucier des anachronismes \ réalise des figures de style en mélangeant les genres et les couleurs \ réussit un album à la fois dansant et performant, subtil et pertinent, alliant pop et electro, le tout mixé par Tony Lash (Dandy Warhols, Eric Matthiews, Tahiti 80).
Onze titres au potentiel de single avec ce " Bachelor party " dont le thème récurrent emprunté au " Spank " de Jimmy Bo Horne ouvre la piste aux rois du dancefloor. Le clin d'oeil aux rois de la BO 60/70's est assuré par " Burt Taylor " et " Dancing stubing ", deux hommages aux grandes heures des séries TV et musiques de film. Deux instrumentaux dignes de figurer sur une version contemporaine de " Bullit "... Yé-Yé aime les rencontres ! Intemporelles et magiques ? Belles et amicales ? Singulière et jubilatoires ? Il y a celle avec Shivika Asthana (Papa's Fritas), élégante et toute en finesse, sur le très popy " Eurostar " et cette autre " Strong enough " qui pourrait être son pendant masculin avec Mouloud aux commandes vocales. Il y a aussi " The end of the beginning " joué en double avec les copains de Tahiti 80 ou encore cette douceur sucrée estampillée sixties apportée par la sensibilité de Noémie (Zimpala) sur " We've climbed mountains ". " Two brains for feet ", c'est aussi la rêverie nostalgique de lointaines vacances sur la cote normande avec une vague de plaisir qui s'appelle " A summer in Saint-Valéry " \ une rencontre mémorable au dancing du camping baptisée pour la circonstance " Ma tendre amie " \ et puis sur " yé-yé style ", cet exercice electro-kitsch en forme de marque de fabrique qui résume tout mais pas n'importe quoi. Enfin " Extra ball " permet de gagner une réécoute histoire de prendre son pied à défaut de faire travailler son cerveau... yé-yé est tout cela à la fois et même plus sur scène où l'image accompagne le son.