A l'heure de la parution du nouvel album d'EZ3kiel, plus de 20 ans se sont écoulés depuis sa formation, en 1992. Et, si bien peu de groupes peuvent se vanter d'une telle durée de vie, on retiendra surtout la capacité des tourangeaux à faire évoluer leur musique au fil des années et leur refus de l'immobilisme. Il est toujours bon de rappeler que la créativité est l'un des meilleurs vecteurs de longévité.
LUX (enregistré à l'Alma Studio – La Riche), dixième offrande d'EZ3kiel, viendra confirmer sans problème cet état de fait. 10 nouveaux titres, qui ont pour dénominateur commun de prendre aux tripes dès la première écoute. On a souvent tenté de coller une étiquette à la musique d'EZ3kiel, en vain. Post-rock, ambient, dub, musique électronique ou classique. Autant de qualificatifs qui démontrent la volonté du groupe de se nourrir de l'ensemble de la sphère musicale, plutôt que de se rattacher à un genre spécifique, pour créer un univers qui lui est propre.
Celui de LUX est foisonnant, débordant de détails et particulièrement immersif. LUX sait se faire accueillant et chaleureux ("L'oeil du cyclone"), parfois plus inquiétant ("Lux") voire mélancolique ("Never over"), souvent hypnotisant ("Dead in Valhalla", "Stereochrome"). Sur chaque morceau, EZ3kiel met tout son savoir-faire au service de l'atmosphère, de l'émotion. Il sait aussi faire appel à des artistes de talent pour étoffer son propos. On notera ici la partcipation de Pierre Mottron ("Anonymous") et de Laetitia Sheriff ("Eclipse") au chant et de Pierre Bloch au violon sur deux titres.
LUX, s'il représente un ensemble parfaitement cohérent, dépeint aussi un univers où les forces s'opposent, où le groupe se plait à confronter des éléments mécaniques et organiques, pour un résultat résolument hybride... et pluridisciplinaire.
Car, plus que de réunir des musiciens au sein d'une même entité, EZ3kiel a pour objectif de créer une vision artistique globale, à la fois musicale, scénique, visuelle, technologique et interactive. La sortie de LUX n'est donc pas à considérer comme une finalité, mais bien comme une introduction. Il est le point de départ d'un nouvel espace de création, destiné à évoluer au fil du temps, des performances et de sa rencontre avec le public.
EZ3kiel :
Johann Guillon : guitare, programmation, claviers, EBow.
Stéphane Babiaud : batterie, vibraphone, percussions, claviers, voix.
Sylvain Joubert : basse, guitare, claviers.
Yann Nguema : visuels, technologie, machines.