Bien de l’eau a coulé sous les ponts depuis Drowsiness of Ancient Gardens, premier album de David Sanson sous l’alias That Summer. A l’époque, le musicien était seul aux commandes d’un projet dont les premiers pas eurent lieu sur la scène gothique – et valent aujourd’hui à cet opus de 1994, réalisé avec Tony Wakeford (Sol Invictus, Death In June, Current 93…), de figurer en bonne place – comme précurseur de la scène “dark-folk” française ! – dans deux ouvrages consacrés à ces mouvements (1).
Depuis, D. Sanson a enregistré plusieurs disques, délaissant les sphères élégiaques et minimalistes de ses débuts pour vagabonder – de l’Allemagne à Belleville en passant par Montréal, et au gré de sa curiosité musicale panoramique – du post-rock à la musique électronique, de la pop excentrique au rock atmosphérique. Sans jamais perdre cependant un penchant prononcé pour une mélancolie héritée de son adolescence post-punk et new-wave, et un goût immodéré des collaborations : en compagnie de musiciens tels que Bernd Jestram (Tarwater), Sylvain Chauveau, Benoît Burello (Bed), Jérôme Minière, Pierre-Yves Macé, Malcolm Eden (McCarthy, Herzfeld) ou Alain Frappier (Baroque Bordello), il a pu poursuivre un parcours musical dont l’aboutissement a été la constitution, après la parution de Clear (Talitres, 2005), d’un véritable groupe. Pour les besoins de la scène d’abord – du Café de la Danse (avec The National et Flotation Toy Warning) à la Route du Rock 2009, en passant par le Centre Pompidou. Par désir ensuite
d’explorer les vertus de l’émulation collective. That Summer est aujourd’hui un quatuor de multiinstrumentistes composé de David Sanson, Etienne Bonhomme (Innocent X, Claire Diterzi, Louisville…), Olivier Cavaillé (Louisville, Sylvain Chauveau, My Broken Frame…) et Nikolu Jorio (La Chatte, Genau, ii, Lustrine, Louisville…).
C’est en groupe qu’a ainsi été composé Near Miss, sixième disque de That Summer. En groupe et à la campagne, avant d’être enregistré à Berlin, en deux semaines, à l’été 2008, dans le studio de Bernd Jestram. Et cela s’entend, d’abord dans l’homogénéité et la dynamique d’un son qui ont notamment permis à David Sanson, sur la première partie du disque, de laisser enfin libre cours à son goût des morceaux rapides. Certains titres dataient du début des années 1990 : c’est le cas de Ghost Tracks ou de
The Hues of You, dont la production a été confiée à Krikor. Tous ont toutefois été développés et composés collectivement, pour être ensuite confiés à Geoffroy Montel (Minizza, Brocoli Records…), qui en a assuré le mixage et le mastering.
Huit morceaux (plus un), adressant au passage un clin d’oeil à certaines idoles (All Cats Are Grey / Cure), séparés par des interludes, comprenant des collaborations de Cyril Secq (astrïd) et Matthias Grübel (Phon°noir, Telekaster). Un panoramique qui confirme la singularité de That Summer dans le paysage rock français, combinant un goût pour la mélodie à la Depeche Mode (la ballade Obviously, chantée par Sylvain Chauveau) et un sens des ambiances qui doit autant à la pop asthénique de Bark Psychosis ou Slodwive qu’à celle, oblique, de Mark Hollis, Robert Wyatt ou Brian Eno, ou à la musique classique.