1998. Issu du terreau techno/punk brestois, Aphasia joue ses premiers live détonants avec 2 machines et demi dans les fêtes des Sonics (créateurs du festival Astropolis) quand il est « découvert » par Manu Le Malin, un habitué des sauteries de l'extrême ouest. Ce dernier cherche alors des lives sérieux pour fonder son label Bloc 46. Il est servi. Deux premiers E.P. vinyles pour viennent concrétiser cette collaboration. Puis un premier album CD en 2001, « Brain patch error », déjà salué par la critique spécialisée, pour son mélange d'electro dark, de beats lourds et de samples puisés dans la culture rock/indus du jeune musicien.
Le crew Bloc 46, formé autour de Manu Le Malin et Torgull écument les raves, les gros rassemblements (à l'image d'Astropolis où Manu est résidant, et son pendant montpellierain Boréalis) comme les petits rendez-vous en club. Le live d'Aphasia s'affirme tant par la puissance rythmique que par le sens de la rupture : aux performances monolithiques des Helfish et autres Micropoint, il oppose une electro inspirée des italiens Passarani et Lory D ou encore d'Autechre, la hargne en plus. De ces nombreuses prestations Aphasia et le naissant label Bruits de Fond tirent d'ailleurs les premiers « Deadtrax » sous forme d'une compilation en CDr, reflet de cette vivacité scénique.
En 2002 paraît « Aracheend » second et ambitieux album d'Aphasia, toujours sur le Bloc 46 désormais devenu sous-label du consortium indé Uwe. Fulgurant et ambivalent, maniant le feu comme la glace, alternant plume et plomb. Succès d'estime plus que véritablement commercial, « Aracheend » inscrit Aphasia dans le cercle des musiciens électroniques qui comptent. « Deadtrax » vol. 2 vient plus modestement enfoncer le clou avec à nouveau une compilation des meilleures charges soniques assurées sur scène entre 2002 et 2004.
De 2003 à 2005, le projet solo est quasiment mis en sommeil au profit de l'aventure collective Palindrome. Le Bloc 46 veut se la jouer rock. Textes slammés, grosses grattes et hardbeats assomants forment la recette du premier album « Rions noir ». Une tournée suit, sur les grosses scènes (Printemps de Bourges) mais aussi en compagnie de combos bien établis comme les Punish Yourself. Les vieux de la vieille de la techno radicale réapprennent l'art de la performance scénique avec passion. Mais au moment de transformer l'essai avec un second album, l'inspiration et l'énergie ne sont déjà plus au rendez-vous. Retour solo aux machines pour Aphasia.
Entre temps, Uwe a resserré son catalogue autour de ses artistes les plus vendeurs, pour finir tout bonnement par mettre la clé sous la porte.
Aphasia poursuit désormais son travail sonore, affranchi des contraintes tonales au fur et à mesure de son avancée personnelle dans l'univers de la musique industrielle comme du free jazz. « Oxymoron » EP, qui paraît en 2008 sur Bruits de Fond, vient d'ailleurs clore son parcours dédié au dancefloor. Les prochaines parutions sur le laboratoire de l'extrême, Reverse records, comme sur Résistance des Matériaux, futur sous-label de Bruits de Fond, s'annoncent sans concession. Et hors normes, assurément.
Discographie sélective :
> « Aphasia » E.P. - Bloc46 EP 001 (1998)
> « split with Yann Dub » - Astropolis / CCM (1998)
> « 1981 » E.P. - Bloc46 EP 003 (1999)
> « Brain Patch error » - Bloc46 LP 001 (2001)
> « Kronik 2 the galaxy » - Bloc46 EP 008 (2001)
> « Deadtrax » - Bruits de Fond 01 (2002)
> « The remixes » - Bloc46 EP 012 (2002)
> « Aracheend » - Bloc46 LP 002 (2003)
> avec Palindrome : « Rions noir » - Bloc46 LP 006 (2003)
> avec Palindrome : « Lame de fond » - Bloc46 EP 014 (2003)
> avec Torgull : « Emit Lava » (unreleased)
> « Deadtrax vol.2 » - Bruits de Fond 08 (2005)