Beñat Achiary est né dans le pays basque français en 1947 et, depuis sa naissance, le chant ponctue chaque instant de sa vie. Les basques chantent comme ils respirent, seuls ou en groupe, en famille comme au travail. Pour Beñat Achiary, c'est son pays qui fut son professeur de musique et, pour lui, chaque chose est source de musique. Le chant du vent dans les arbres, celui de l'insecte ou simplement celui de la langue. La langue du peuple basque ou celle des poètes d'où qu'ils soient. Aujourd'hui, lorsqu'il donne un concert d'improvisation, il dispose à ses pieds des livres d'Henri Michaux, Frederico Garcia Lorca, St Jean de la croix, Fernando Pessoa, Ghérasim Luca ou François Cheng, non pour les consulter mais pour en sentir le souffle.
Ses racines musicales passent bien sûr par les musique et les chants traditionnels de sa région: polyphonies ou chants accompagnés par une xirula (flûte à trois trous), ou rythmés aux sons du ttun ttun (tambourin à cordes) ou des txalaparta, poutres de bois que l'on frappe. Adolescent, sur la radio de son père, il découvre le gospel, le blues, le jazz, le tango et les chansons de Dario Moreno. Et son chant, bien sûr, s'en nourrit comme il s'enrichira plus tard aussi, au contact des œuvres de Charles Mingus, Eric Dolphy, Jimmy Hendrix, Cathy Berberian, Monteverdi, Alim Qasimov, James Joyce et Chuck Berry, de la soul music ou des traditions pansori, no, ou navajo. Comme les frontières de son pays sont mal définies, alors c'est tout le concept de frontières qui est à revoir et, ce qui domine pour Beñat Achiary, c'est l'amour de la poésie, de l'authentique expression : celle qui vient du plus profond de l'être pour rejoindre les limites les plus éloignées du cosmos.
Sa vision de la musique est spirituelle et les associations qu'il noue tout au long de sa carrière le sont aussi. Les percussionnistes Lê Quan Ninh et David Holmes, les contrebassistes Paul Rogers, Kent Carter, Peter Kowald, le saxophonistes Michel Doneda, Daunik Lazro, les guitaristes Dominique Repecaud et Pedro Soler, le compositeur électro-acousticien Jean Schwarz ou le chœur basque espagnol Ama-Lur partagent, avec Beñat Achiary, le goût de l'aventure et de l'authenticité. En se frottant à des artistes aussi singuliers, son champ d'action s'élargit sans cesse et son chant se particularise jusqu'à devenir unique. Dans sa voix passent tous les sentiments humains, de la douceur à la colère, mais elle peut aussi se confondre avec le vent, le vol d'un oiseau ou prendre des formes plus abstraites.
Puis il organise "l'Errobiko Festibala", festival qui se tient à Itxassou au bord de la Nive, près de Bayonne, dans la nature. Au cœur du village ou au centre d'un pré perché sur la montagne ou au fond d'une grotte, on peut découvrir des musiciens basques, tibétains ou gnawas jouant ensemble, ou séparément, mais tous animés, comme Beñat Achiary, par le besoin impérieux de communiquer avec l'âme de l'univers. Improvisateur total, remarquable homme de scène, Beñat Achiary attire les plus grands solistes par sa souplesse intellectuelle et ses grandes capacités techniques.